J’ai entendu hier les paroles d’Amanda Simard qui quittait le parti progressiste-conservateur de l’Ontario, pour siéger comme députée indépendante à l’assemblée législative. Cette franco-ontarienne, députée de Glengarry-Prescott-Russell, a mis ses valeurs et convictions, et ceux de tous ses concitoyens francophones qu’elle représente, devant ses aspirations de carrière, pour défendre les droits déjà acquis mais constamment en danger des francophones de l’Ontario, province-capitale du Canada, où habitent plus de 600 000 membres d’une communauté fière de parler français.
En revanche, le porte-parole du premier ministre Doug Ford, Simon Jefferies, déclare : « C’est dommage qu’elle a choisi de ne pas travailler au sein du gouvernement au service de ses électeurs ».
Comme plusieurs pays, le Canada n’est pas à l’abri de gouvernements, de leadership, destructeurs envers ses communautés minoritaires. Par moment, la population vote pour un gouvernement de changement, de renouveau, d’un souffle nouveau qui inspire un cap différent des gouvernements précédents. Les gouvernements populistes sont bien d’actualité de nos jours, et leurs ambitions deviennent parfois attrayantes. Quelques fois, les ambitions cachent des dérapages sous les jupes de leurs promesses. Quelques fois, les dérapages annoncent des changements bien plus importants à venir.
Il est bien difficile à la majorité d’une population de se mettre dans les chaussures d’une minorité pour bien la soutenir et l’aider à se maintenir en santé. Avoir la conscience constante envers l’autre, être à l’écoute d’une communauté qui n’est pas la nôtre, demande une attention bien particulière. C’est pourquoi on élit un gouvernement qui représente la population. Nous étions quasiment habitués au maintien de nos institutions, nous ne le sommes plus. Depuis 2 mois, les dérapages se font sentir, d’une province à l’autre : au Nouveau-Brunswick, au Québec, en Ontario. Nous avons vu les dérapages au sud de nos frontières, nous les voyons ici maintenant.
Les efforts habituels par les francophones d’un bout à l’autre du Canada ne suffisent pas à entretenir la stabilité, la prospérité, des communautés francophones minoritaires. Il nous faut des actions concrètes et engagées comme celles de gens comme Amanda Simard.
Nous avons de plus en plus de gens défenseurs de la francophonie, dans chaque province, dans chaque palier des établissements sociaux, qui se démarquent par leur engagement à faire avancer la cause francophone. Ceci démontre, surtout dernièrement, comment les enjeux se font plus difficiles, plus compliqués, plus importants à prendre ces enjeux en main, et d’une main ferme. Rien n’est nullement gagné sans lois, et même là…
Par :
– la transmission de nos revendications envers la population anglophone dominante,
– l’accumulation d’alliers dans diverses sphères de la société, francophones anglophones et autres,
– le dévouement continu, créatif et ENGAGÉ de chacun de nous envers nos communautés francophones,
nous faisons valoir l’importance de l’intégrité de nos institutions, de nos droits, de l’assurance de la permanence de notre vie quotidienne en français, l’âme et le coeur de notre société.
Simon Jefferies n’avait pas raison. Comme tout bon élu.e municipal, provincial ou fédéral, Amanda Simard a ardemment choisi de travailler au service de ses électeurs. Tristement, il a volontairement omis de mentionner qu’elle avait priorisé ses engagements fondamentaux, et que ces mêmes engagements auprès de ses électeurs de sa communauté de langue minoritaire venaient avant ceux d’une ligne de conduite de parti digne d’un troupeau de mouton. Sa foi et son courage sont à célébrer, ils se reflétaient vivement dans sa voix tremblante.
Prenons ce même courage, cette même âme audacieuse et gardons-nous bien ancrés dans l’avancement de nos institutions à travers le pays, envers tous et chacun. Si l’histoire reconnaît les accomplissements de certains, la société garde bien vivante les réalisations de la collectivité, et ça débute ici, ensemble, maintenant.
Président, Conseil d’administration
Association francophone de Surrey